MARRONNIER

ODILE MASSON

 BIOGRAPHE 

Comète de Halley, juillet 2061

 

Nos anciens pensaient observer des phénomènes différents avant de réaliser qu’une comète précise revenait régulièrement  dans notre ciel.

 

Sa 1ère visite daterait de 611 av J.C., visible de la Chine.

En Europe, nous trouvons une trace de son passage en l’an 66, sous Néron.

 

L’astronome anglais Edmond Halley constata qu’en 1531, 1607 et 1682, la comète avait suivi la même trajectoire et que le temps entre chaque passage était à peu près de 76 ans.

C’était donc bien une seule comète. Il calcula et annonça la prochaine apparition pour la fin de l’année 1758.

 

Halley est mort en 1742, mais ses travaux ont traversé les âges.

Rendez-vous fut pris et tenu. Elle nous rendit visite fin décembre 1758, fut au plus proche du soleil en mars et suivie jusqu’en juin 1759.

 

Elle fut baptisée « Comète de Halley » et a été observée une trentaine de fois. Ces trois dernières visites datent de 1835, 1910 et 1986. La prochaine est prévue en  2061.

 

Superstition, malédiction, catastrophe naturelle ou coïncidence, elle provoque toujours une certaine crainte. Même si à chaque passage, on peut citer des faits désastreux, la rendre responsable de tous nos maux est un peu excessif !

 

1531 / 26 janvier, tremblement de terre à Lisbonne. Ce séisme, suivi de plusieurs répliques et d’un tsunami, a fait 30 000 morts et détruit le tiers de Lisbonne. Les secousses ont été ressenties jusqu’en Tunisie. Dans l’hystérie collective, une rumeur circula parlant de châtiment divin et mettant en cause les juifs.

 

1607 / 30 janvier, inondation du Canal de Bristol, un tsunami est évoqué. A l’été, la peste apparaît à Spalato, République de Venise.

 

1682 / 26 janvier, raz-de-marée aux Pays-Bas. 12 mai, séisme dans les Vosges à Remiremont.

 

1759 / 10 août, séisme dans le bordelais. En novembre, tremblement de terre au Liban, 20 000 morts.

 

1835 / 16 décembre le grand incendie à New York.

La ville est recouverte par la neige, il fait très froid, moins 27 degrés, ce 16 décembre au soir. Un banal incendie, dû à un tuyau de gaz éclaté et enflammé par un poêle à charbon, dans un entrepôt pas très loin de Wall Street, des vents violents, de l’eau gelée, un manque de poudre à canon, il est impossible d’arrêter les flammes ou de faire sauter les bâtiments voisins avant le petit matin.

50 hectares en feu, 17 rues de Manhattan, entre 530 et 700 bâtiments détruits, dont la bourse de New York, mais heureusement seulement deux morts.

 

1910 / 28 janvier, crue de la Seine, 8,62 m au pont d’Austerlitz, la moitié du métro est sous l’eau.

Cette inondation hivernale qui dura 45 jours, entre le 18 janvier et le 8 mars a causé de gros dégâts. 20 000 immeubles inondés à Paris, ainsi que la moitié du métro. En banlieue, 30 000 maisons sont dans l’eau. L’usine de vinaigre d’Ivry-sur-Seine est totalement détruite.

 

1986 / 28 janvier, la navette Challenger se désintègre 73 secondes de vol après le décollage, 7 morts.

Un joint endommagé par le froid près du réservoir externe, un départ de flammes, un réservoir d’hydrogène en feu, du vent, la navette est déviée de sa trajectoire et est écrasée par la pression aérodynamique.

L’une des missions de la navette était d’observer la comète !

 

La comète est passée au plus près du soleil le 9 février, mais elle n’était pas visible. En avril, elle était au plus proche de la terre et était visible de l’hémisphère sud.

En mars, la sonde européenne  Giotto lancée par la fusée Ariane 1, le 2 juillet 1985, s’approcha à 596 km du noyau de la comète dans la nuit du 13 au 14 mars 1986.

 

26 avril, catastrophe nucléaire à Tchernobyl en Ukraine

 

La centrale est à 15 km de Tchernobyl et 110 de Kiev. Construite au début des années 70 elle est dotée de 4 réacteurs mis en service entre 1977 et 1983. C’est le 4e réacteur, celui de 1983, qui sera détruit par l’explosion. 

Un simple test sur l’alimentation électrique de secours prévu le 25 avril au matin et retardé au soir, un non-respect des règles concernant la puissance, trop basse, du réacteur au moment du test réel, un réacteur devenu instable, une hausse de la température, une nouvelle erreur de jugement concernant cette fois les pompes du circuit de refroidissement et un processus d’arrêt d’urgence trop tardif.

De l’hydrogène et de l’oxygène se mélangent et c’est l’explosion à 01 h 23 le 26 avril. Les 1200 tonnes de la dalle de béton recouvrant le réacteur sont projetées et retombent sur le cœur du réacteur qui se fracture. Un important incendie se déclare et la radioactivité se libère dans l’air.

Des hélicoptères projettent des sacs de sable et de bore dans le brasier pour l’éteindre. Entre le 26 avril et le 14 mai, plus de 5000 tonnes de sable, argile, plomb et autres composants sont nécessaires pour étouffer le réacteur et stopper la réaction nucléaire.

Entre mai et décembre 1986, c’est la période de la décontamination et de la construction d’un premier sarcophage.  Un second a été construit en 2016.

Il y a eu environ 50 morts suite à l’accident. Les conséquences des radiations sur la population environnante, même 35 ans après, font toujours l’objet d’une âpre bataille de chiffres entre experts.

 

Je ne me souviens pas du passage de la comète en 1986, mais Tchernobyl, et son nuage radiatif, reste inoubliable.

 

La prochaine visite de la comète de Halley est donc prévue en 2061, l’année de mes 100 ans. Elle doit passer au plus près du soleil le 28 juillet.

 

En 2061, il y aura certainement une nouvelle épidémie, un nouveau séisme ou une nouvelle catastrophe, car l’histoire se répète cycliquement.  Un autre écrivain public biographe vous racontera l’évènement en direct.

 

Odile Masson